Conductrice ivre à Meaux insulte un gendarme: « T’es gros, t’es moche » au tribunal

par | Déc 11, 2023 | Justice | 0 commentaires

Tribunal de Meaux : La conductrice ivre à un gendarme : « T’es gros, t’es moche »

En voyageant entre Soissons (Aisne) et Méry-sur-Marne (Seine-et-Marne), Aurélie et ses deux compagnons ont consommé une bouteille de vodka. « J’étais complètement ivre » avoue la mère de famille, libérée de prison en août dernier. Du fait de son ivresse, elle a résisté et a été sévèrement punie par le tribunal de Meaux.

La juge Isabelle Verissimo, qui présidait l’audience de comparution immédiate ce lundi grisâtre, s’interroge: « Qu’allez-vous dire aux enfants, à la femme ou au mari de la personne que vous finirez par tuer? ». Aurélie, 31 ans, a déjà été condamnée à 18 reprises, dont une partie pour des infractions routières similaires, suivies de violences à l’encontre des forces de l’ordre qui tentent de la verbaliser. Devant le tribunal de Meaux, elle est accusée de cinq infractions en récidive: conduite sous l’emprise de l’alcool, refus de se soumettre à un alcootest, insultes, violence et résistance.

La juge continue: « Allez-vous leur dire que vous êtes malade? ». Aurélie, tête baissée dans le box, ne laisse apparaître que son chignon et ses épaules affaissées sous son blouson en cuir. Son visage pâle et tiré réapparaît. « J’essaie de faire des efforts, c’est très difficile, je suis dépressive », murmure-t-elle. « Je veux travailler et récupérer mon fils qui a été placé il y a six mois. »

Un flot d’insultes, entrecoupé de « gros connard »

C’est ainsi que commence le récit d’une vie chaotique. Les placements en famille d’accueil qui l’ont détruite lorsqu’elle était enfant, son compagnon qui s’est suicidé, ses dépressions successives noyées « dans l’alcool et le cannabis, quatre à cinq joints par jour », sa fille qu’elle n’a « pas vue depuis un an », son plus jeune qu’elle voit un samedi sur deux, son logement en foyer pour une participation mensuelle de 80 euros. À ces fardeaux s’ajoutent les nombreuses sanctions pénales. Cependant, il est difficile d’établir une chronologie.

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Seule certitude, admise par Aurélie, elle n’arrive pas à se débarrasser des addictions qui la rongent et les personnes qu’elle fréquente ne l’aident pas. Le samedi 4 novembre, alors qu’elle est encore sous le coup d’un sursis probatoire, Aurélie prend le volant pour qu’une amie aille voir ses enfants à Méry-sur-Marne. Sa passagère achète de la vodka, qu’elle boit au volant, jusqu’à destination. Là, les choses se précipitent: le père, qui a la garde des enfants, appelle les gendarmes pour que cesse le brouhaha à sa porte. Aurélie « tangue, tient des propos incohérents », selon le rapport.

Comme elle est la seule à avoir le permis de conduire, ses compagnons de voyage promettent aux gendarmes qu’un « ami viendra chercher la voiture pour le retour à Soissons ». Les gendarmes observent discrètement et voient Aurélie repartir. Ils l’arrêtent. S’ensuivent des insultes, « t’es gros, t’es moche », dit-elle à l’un, tandis que l’autre, frappé au visage, subit une pluie de crachats, entrecoupée de « gros connard ».

« Une hystérie totale heureusement filmée »

« On voit leur stoïcisme face à une énorme perte de contrôle, une hystérie totale heureusement filmée », ajoute la procureure Marlène Leroy, saluant le réflexe des gendarmes qui ont allumé leur caméra-piéton. Confrontée à la scène, Aurélie admet: « Je ne suis pas gentille quand je bois. » Et se réfère aux images: « Je ne me souviens pas… Je n’étais plus moi-même. » La juge, qui a énuméré les peines infligées à son encontre par les magistrats de l’Aisne, tente de la raisonner: sans traitement, point de salut. « La justice vous y contraint, vous y avez droit et vous n’en profitez pas! »

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« C’est très compliqué », répète Aurélie, libérée de prison en août après avoir commis les mêmes infractions qui lui sont reprochées aujourd’hui. Le juge d’application des peines se déclare « peu optimiste car elle a été plusieurs fois incarcérée et ne travaille pas ». Bien que diplômée, la prévenue semble se complaire dans son quotidien.

« Nous avons tous l’impression de tourner en rond », dit la procureure. « Sa vie extrêmement difficile n’est pas remise en question mais, alors qu’elle reconnaît les faits, elle n’a pas conscience de leur gravité. C’est ennuyeux. » Madame Leroy requiert deux ans de prison – un avec sursis probatoire jusqu’en 2025, l’autre sous bracelet électronique -, l’obligation de soins, de travail, l’annulation du permis et l’interdiction de le repasser avant 2026, la confiscation de la voiture.

L’avocate d’Aurélie plaide pour « le soutien dont elle a besoin », puis la jeune femme au visage triste balbutie deux phrases inaudibles. On pense entendre « mon fils ». Elle ne le reverra pas de sitôt. Aurélie est condamnée à 20 mois de prison ferme (le reliquat du précédent sursis est révoqué) avec mandat de dépôt. Les autres réquisitions sont suivies, le gendarme frappé obtient 400 euros pour son préjudice. Hébétée, la jeune mère suit son escorte. Le cycle infernal continue.

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Martin Plussin

Auteur

Martin, huissier et expert en procédures légales et passionné par le monde des huissiers, est le cerveau derrière les articles éclairants de notre blog. Avec son expérience et sa connaissance approfondie du domaine, il décompose les complexités juridiques pour les rendre accessibles à tous. Martin est constamment à l'affût des dernières actualités et tendances dans le secteur des huissiers, assurant que nos lecteurs reçoivent des informations à jour et fiables.

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