Au cours de la rentrée solennelle du tribunal de Meaux en Seine-et-Marne, le procureur Jean-Baptiste Bladier a souligné l’importance d’une justice capable de gérer le risque pour répondre aux besoins de paix sociale. Son bureau judiciaire est en train de tester un « parcours de soutien et de lutte contre les comportements addictifs ». Dans ce cadre, des magistrats rencontrent deux fois par mois des personnes poursuivies et aux prises avec des problèmes criminologiques.

Lors de l’audience de rentrée au tribunal judiciaire de Meaux, qui a eu lieu le 19 janvier, un hommage a été rendu à toutes les équipes – juges et substituts du procureur – qui ont réussi à gérer le flux des affaires en correctionnelle. Le procureur a annonce l’introduction de la procédure pénale numérique, connue sous le nom de PPN, en 2024, malgré certaines difficultés de mise en œuvre rencontrées en France.

M. Bladier a exprimé son regret que son parquet sera bientôt privé de tout procureur adjoint alors qu’il devrait en avoir trois. Malgré cela, il est déterminé à relever le défi du déploiement de la PPN à partir de mars pour faciliter les interactions avec les justiciables et réduire le temps de réponse. Cette numérisation, lancée en 2016 avec la création du site www.justice.fr, a été étendue à partir de 2021, avec l’objectif d’être pleinement opérationnelle en 2025.

« Que l’on se demande ce qui marche contre la récidive »

Jean-Baptiste Bladier, en sa qualité de procureur, s’intéresse également à la prévention. Il estime que la justice doit être capable de gérer le risque pour répondre au besoin de paix sociale. Il déplore que les réflexions et les réformes se concentrent principalement sur les aspects répressifs de la justice. Il souhaiterait que l’on s’interroge sur ce qui fonctionne pour lutter contre la récidive. Il estime qu’il est facile de punir, mais beaucoup plus difficile d’empêcher une personne ayant commis un délit de récidiver.

Il a cité une étude de la Chancellerie publiée en décembre 2023, qui révèle que 60 % des personnes libérées de prison en 2016 ont commis une nouvelle infraction dans les quatre ans qui ont suivi. M. Bladier souhaite empêcher autant que possible la récidive. Le parquet poursuit l’expérimentation d’une justice résolutive des problèmes criminologiques initiée par sa prédécesseur. Tous les quinze jours, des magistrats rencontrent des personnes ayant été poursuivies pour des comportements liés à la dépendance.

« Je connais l’émotion qui a étreint la ville le soir de Noël »

En conclusion, et en présence des personnalités politiques du département, il a fait référence à l’incident tragique survenu à Meaux dans la nuit du 24 au 25 décembre 2023, où un homme est suspecté d’avoir tué sa femme et ses quatre jeunes enfants. M. Bladier a souligné qu’il comprend l’émotion qui a saisi la ville de Meaux et qu’il mesure le désir de justice des citoyens. Il a affirmé que l’institution judiciaire travaille dans la sérénité et qu’il ne considère pas que sa seule responsabilité est de s’assurer du traitement irréprochable de cette procédure. Il a estimé que des questions doivent être posées et que les institutions concernées doivent accepter l’introspection. Il a fait référence ici aux violences intrafamiliales qui, involontairement, passent parfois inaperçues et se terminent par une tragédie.